Qui je suis n’a pas l’importance qu’on lui donne. Je suis la valeur de ce que je donne.
Dans notre monde actuel, nous vivons sous une pression constante : celle d’être conforme. Conformes aux attentes familiales, aux codes sociaux, aux normes culturelles. On nous apprend à obéir à une idée déjà faite de ce que nous devrions devenir. Très tôt, des chemins sont tracés à notre place, et dévier de ces sentiers peut être vu comme une erreur, une rébellion, voire une faiblesse. Nos choix deviennent alors le reflet des regards extérieurs : ceux qui nous disent comment agir, quoi ressentir, et même qui être. L’affection qu’on reçoit devient conditionnelle. La perception qu’ont les autres de nous façonne parfois notre trajectoire. Dans ce contexte, il devient difficile de se demander ce qu’on ressent réellement ou qui on est profondément.
Je suis née avec une perception différente du monde. Une médiumnité innée. Je n’avais pas conscience d’un nom, car ce que je vivais faisait partie de moi. Ce n’était ni étrange ni exceptionnel. C’était naturel. Mais très vite, j’ai compris que cette façon d’être demandait une justification. Que le regard des autres cherchait à étiqueter, à comprendre, à valider.
Et c’est là qu’un danger s’installe : faut-il l’approbation des autres pour reconnaître un don qui vit déjà en soi ?
Non. Et prétendre avoir un don sans discernement, c’est incohérent et met en danger : cela peut entraîner d’autres individus dans des croyances personnelles qui ne sont pas les leurs, les amener à grandir dans les choix de quelqu’un d’autre qui, lui-même, n’a pas pris le temps de raisonner ni de respecter ce qu’ils sont. On ne joue pas avec ce qui touche à l’intime d’un être. Cela peut créer de la confusion, de la culpabilité, et couper quelqu’un de sa propre raison d’être.
Certaines perceptions ne s’inventent pas. Elles ne se décrètent pas. Elles ne relèvent pas du souhait, ni de l’imagination, ni d’un désir d’être « différent ». Ce sont des capacités réelles, souvent lourdes à porter, exigeantes, qui demandent de la responsabilité, de la lucidité, et parfois, du silence pas pour se cacher, mais pour ne pas confondre authenticité et exhibition. Il ne s’agit donc pas de chercher une validation extérieure, mais de comprendre la nécessité de poser des repères : tout le monde ne porte pas la même structure intérieure. Ce que l’on ressent peut être vrai, profond, mais cela ne suffit pas à en faire un don universel ni à en faire un langage pour les autres. Ce n’est pas une quête de reconnaissance, c’est un chemin personnel, intime, rigoureux, parfois long, parfois éprouvant. Cela ne demande pas du courage pour s’imposer mais une évidence intérieure qui ne crée aucun conflit.
Lorsqu’un chemin est juste, il s’impose sans lutte. Il trace sa route avec calme, comme une rivière suit son lit. Pas besoin d’expliquer à haute voix, ni de chercher à convaincre. Ce qu’on est se manifeste par ce qu’on fait, ce qu’on offre, et comment on le transmet.